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Elle devint cramoisie et parut si gênée que l’écrivain se sentit tout apitoyé. Il murmura :

— Je vous demande pardon… J’arrive en intrus, mais il s’agit d’une chose urgente.

— C’est moi qui vous demande pardon ; répondit Suzanne, qui expliqua avec sa simplicité habituelle : mes sœurs se rendent utiles en travaillant au dehors ; moi qui n’ai pas de métier, je me suis attribué les fonctions de cuisinière.

Marcel la considérait avec une sympathie toute nouvelle. Il dit :

— Vous êtes très cultivée, puisque vous connaissez la mythologie grecque et le vaudeville français… Quand j’évoque ce qu’on appelle une femme cultivée, — c’est-à-dire une dame quadragénaire et fortunée qui tient salon littéraire et vous convie à déguster des repas délectables aggravés de récitations détestables… Quand j’évoque ces poétesses rigides qui sont de vieilles filles, ou ces lettreuses cyniques qui sont des filles vieilles…

Il s’arrêta pour regarder Suzanne et conclut galamment :