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cœur à Suzanne. Celle-ci, prenant une résolution énergique, est venue me trouver ce soir pour me dissuader d’épouser sa sœur…

M. Tardivet interrompit avec une stupéfaction innocente :

— Pourquoi m’ont-elles caché cela ?… Je n’ai jamais eu la pensée de marier mes filles contre leur volonté !

D’un regard pénétrant, Henry Salmon étudia le visage naïf du brave homme ; et fut convaincu de sa simplicité. Il considéra un instant la figure tourmentée de Denise. Ses observations corroboraient les dires de Suzanne : « Ceux-là sont Sincères », pensa-t-il.

Alors, il dit à Gilberte qui baissait le front, penaude et déçue :

— Vous voyez bien que vous aviez tort de prendre votre père pour un Géronte et votre fiancé pour un Arnolphe… Nous ne sommes pas si terribles — ni si nigauds…

Suzanne fut seule à comprendre son ironie voilée…

Gilberte et Denise croyaient pertinemment à la fable inventée par Salmon.