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geste de tendre ses bras ! Que doit-il penser de moi ? Comme il doit me mépriser… »

Le souvenir cru des petits détails de la possession augmenta son horreur : « Oh ! J’ai honte… » Une sueur d’agonie coulait lentement sur son front, collant ses cheveux à ses tempes : « Oh ! que je souffre… »

Elle errait au hasard, comme une bête blessée. Rentrer chez son père ? Ah !… non. Elle ne pourrait jamais affronter cet interrogatoire affolé d’un brave homme si bon, si affectueux, si confiant… rougir devant ses sœurs innocentes à présent qu’elle était fautive… Alors, où aller ? Marcel avait dû pousser un soupir de satisfaction, après son départ.

Elle cria presque : « Oh ! Je voudrais mourir… Je suis toute seule… Je voudrais mourir. »

Elle était arrivée auprès de la grille du chemin de fer. Elle restait accoudée là. Un train passa, lui crachant son jet de fumée âcre. Elle respira cela, en confondant son écœurement physique avec cet écœurement de vivre qui la faisait aspirer à la mort. La vie, c’était ça : un