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— An ! Je suis sérieuse, monsieur, je vous le jure ! s’écria Suzanne, les larmes aux yeux.

Le banquier parut douter de l’état mental de sa jeune interlocutrice.

Suzanne poursuivit avec la même émotion :

— Ce que j’ai à vous apprendre est si pénible… si scabreux… qu’il me faut employer des circonlocutions… Vous vous rappelez la donnée de la Petite Mariée ; un podestat, jadis supplanté dans les faveurs d’une belle par son ami, imagine de lui rendre la pareille ; et le jour même où se marie cet ami, il lui enlève sa femme…

Suzanne acheva, tout à trac :

— Eh ! bien, Marcel d’Arlaud est en train de vous faire le coup du podestat… avec cette variante que d’Arlaud, lui, irait jusqu’au bout.

Henry Salmon réfléchissait. Son visage prit un ton grisâtre, ce qui est la façon de pâlir des bilieux. Il déclara froidement :

— Je commence à comprendre, mais ça n’est guère plus clair… Vos propos exigent un commentaire.

— Bien entendu, monsieur. Voici : Marcel d’Arlaud fut jadis amoureux de son interprète