Elle s’engagea dans l’avenue Hoche et sonna résolument à la porte de l’hôtel Salmon.
— Je désire parler à monsieur Henry Salmon… Annoncez-lui mademoiselle Suzanne Tardivet.
Dans le salon où on l’avait fait entrer, Suzanne, en attendant le banquier, rassemblait toutes ses forces pour l’entretien qu’elle allait engager ; elle s’enhardissait à la vue du luxe qui l’entourait ; le projet désintéressé qu’elle avait formé lui apparaissait ici dans tout son mérite. Elle eut un sourire d’orgueil en toisant cette richesse qu’elle répudiait pour ses sœurs — et pour elle-même, par ricochet.
Henry Salmon entra vivement ; son visage flegmatique ne reflétait rien de la surprise profonde où le plongeait cette visite imprévue.
Il questionna, d’un ton amical qui déguisait sa curiosité :
— Qu’y a-t-il donc, ma future petite belle-sœur ? Vous voulez sans doute me parler en particulier, pour venir me voir une heure avant que j’aille passer la soirée chez vous ?