Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À la même heure, l’auto des frères Salmon les ramenait à l’hôtel particulier qu’ils habitaient, avenue Hoche. Abel, narquois, remarquait le mutisme de son frère. Il finit par risquer :

— Gentille, cette petite… C’est Nelly, en mieux… Une Nelly de bonne famille.

— De trop bonne famille, grogna Henry.

— Pourquoi, trop bonne ?… Je connais la sœur cadette, Denise, qui est charmante.

— Ah ! Tu connais la sœur ? dit Henry d’un air soupçonneux. C’est d’Arlaud qui te l’a présentée, je parie ? Il aurait pu s’en abstenir.

— Pourquoi ? insista Abel.

Henry Salmon déclara d’un ton maussade :

— Si tu juges correct d’être en relations suivies avec la famille Tardivet ! Eh bien, moi, je ne me soucie pas de me retrouver nez à nez avec mes employés dans le monde, — voire dans le demi-monde…

Et le banquier conclut avec humeur :

— On ne me verra guère au New-music-hall, tant que Mlle Gilberte, y tiendra l’affiche !