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Marcel d’Arlaud — le plus spirituel et le plus parisien de nos auteurs dramatiques — dépouillait son courrier matinal : cartons officiels, invitations mondaines, lettres de sollicitations ; le relevé du mois à la Société des Auteurs : le Mariage d’Yvette, sa pièce de la saison continuait de faire le maximum.

Il parcourait cette correspondance banale avec une nonchalance de quadragénaire blasé. Une dernière enveloppe tombait sous ses yeux — papier vergé, adresse rédigée à la machine — quelque prospectus, quelque circulaire sans doute… Il la déchirait négligemment. Or, la lettre qu’il en retirait, si inattendue, si bizarre, si cocasse, lui arrachait ces exclamations de surprise. Il la relut une seconde fois. À cette missive était jointe une photographie que Marcel d’Arlaud examina consciencieusement.

À la fin, il conclut en haussant les épaules :

— Parbleu ! Il s’agit d’une mystification : ce portrait… on dirait que c’est celui de Nelly Rosane !

Nelly Rosane était l’actrice qui interprétait le principal rôle du Mariage d’Yvette.