Page:Marais - Les bottes de l'ogre, Les Annales politiques et littéraires, 29-12-1918.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parvint à se débarrasser de ses liens, se leva silencieusement et s’approcha de la cheminée où les bottes, les fameuses bottes de sept lieues, se profilaient dans un reflet de braise. Les admirables bottes : elles montaient à la hauteur de sa tête ; et quand l’enfant s’y fut hissé, il se crut grimpé sur des échasses.

Dès qu’il étendit le pied, il eut l’impression de faire une enjambée fantastique. En trois pas, il eut dépassé la forêt ; un élan du jarret lui fit traverser une vallée…

Mais quel était ce sortilège ? Voici que, malgré lui, il retournait en arrière sans pouvoir s’en empêcher.

Si, roidissant énergiquement ses muscles, il s’élançait en avant, les bottes dociles franchissaient d’un coup une notable distance ; seulement, aussitôt, comme par magie, elles rétrogradaient d’autant.

Le petit Poucet, d’esprit prompt et avisé, commençait de s’inquiéter follement, maudissant l’écrevisse-fée qui avait dû ensorceler ces bottes enchantées qui, lorsqu’elles avaient avancé de sept lieues, reculaient sur vingt-huit kilomètres.