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Clarel paraissait énervée. Elle fit passer Thérèse dans son bureau et dit :

— Êtes-vous venue avec l’intention de me consacrer un moment… un bon moment ?

— Mon Dieu… oui. Je m’ennuyais, toute seule, chez moi. Je traverse une crise d’impuissance, une de ces périodes décourageantes où le travail se dérobe : je ne peux plus peindre… D’abord, cela m’irrite de ne point terminer ce portrait de Fargeau qui a lâché les séances de pose. Mais… parlons de vous : en quoi m’est-il possible de vous obliger ?

— Voici, expliqua Francine : je suis très agacée… Une histoire bête. Je suis en procès avec mon fourreur : l’été dernier, je lui donnai à garder une étole de renard bleu ; la fourrure, mal surveillée, fut abîmée par les mites… D’où conflit. Nos démêlés traînent depuis ce temps-là… J’ai fini par proposer une cote mal taillée pour me débarrasser de cette préoccupation. Et justement, mon homme d’affaires doit me téléphoner tout à l’heure… J’ai hâte de savoir le résultat de sa démarche : ces ennuis de la vie courante me tracassent stupidement ! D’un