Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et sa voix avait cet accent cordial qui met le visiteur à son aise ; ses yeux remerciaient Fargeau d’être venu ainsi, à l’improviste.

— Bonsoir, murmura Francine.

Elle le considérait sans surprise, elle. Ses regards malicieux recommençaient de le défier…

Une œillade furtive de la jeune femme lui désignait Thérèse : le tiers incommode… Et Fargeau comprit que Clarel s’amusait de ce contretemps.

Il se roidit contre son exaspération, voulant paraître indifférent. Chez l’écrivain de complexion nerveuse, le surmenage intellectuel détermine vite une sorte de névrose : Fargeau éprouvait souvent de maladives envies de pleurer, des accès de rage puérile devant ses menues déceptions journalières.

Ce soir il eût battu Francine avec une joie âpre : ce n’était pas la première fois qu’elle lui inspirait ce besoin de brutalités, d’emportement, de violences. Clarel l’agaçait autant qu’elle lui plaisait : c’était une de ces créatures irritantes qui provoquent les coups.