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tité négligeable et me parlait avec une nuance de familiarité. Mais soudain, j’aperçus mes dix-huit ans dans le reflet d’un miroir : à l’aspect de ma figure imberbe et blonde, je compris que je ne comptais pas encore pour un homme aux yeux de cette digne quinquagénaire.

Je suivis la jeune fille qui m’indiquait le chemin, en montant l’escalier devant moi. Nous gardions tous deux le silence. J’étais assez confus, appréhendant que l’entregent qui m’avait si bien réussi auprès de la mère ne m’eût nui dans l’esprit de la fille.

Elle pensait sans doute — connaissant la raison véritable de ma présence ici — que je savais mentir avec un grand sang-froid. Au moment où j’allais pouvoir enfin lui parler, je restais paralysé