Page:Marais - Le Huitieme Peche.pdf/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un regard du chauffeur Émile la frappe brusquement tandis qu’il écarte respectueusement la portière, le wattman observe ses patrons ; et cette œillade ironique et sournoise de valet qui jauge ses maîtres, semble refléter les doutes mêmes de Claude, avilis en suspicion vulgaire.

La voiture roule sur l’avenue ensoleillée, atteint l’Étoile, passe la porte Dauphine.

Claude est assise à côté de Marthe ; vis-à-vis d’elle se trouve Georges, installé sur le strapontin avec la petite Madeleine. Malgré elle, la jeune fille s’abandonne à la douceur de l’heure bienfaisante où l’on ne pense pas, où l’on ne se souvient de rien, où l’on se sent à peine vivre ; elle est agréablement balancée par les cahots légers et sourit aux arbres qui défilent, aux lacs pâles presque invisibles parmi l’herbe grise. Il lui semble qu’elle est une âme endormie dans un corps impondérable.

Soudain, un contact imperceptible frôle ses genoux ; elle a l’impression d’une chaleur croissante qui insiste peu à peu, se précise.