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possèdent l’art de recevoir : il est tant d’hôtes ennuyeux à qui leur table tient lieu d’esprit et dont l’argenterie brille plus que la conversation.

Escortés de Georges Derive, les Lambert-Massin gagnent l’escalier. Avant de sortir, Claude, un peu offusquée, jette un dernier coup d’œil vers le salon : la vieille madame Massin, très congestionnée — l’effet du champagne — somnole au fond d’une bergère ; Yvonne, espiègle, taquine Henri Derive en lui chatouillant le cou du bout d’une de ses tresses mordorées qu’elle balance entre deux doigts ; Irène et le député Asquin sont blottis côte à côte, à l’autre coin du salon ; et la comédienne a des rires stridents qui coupent le silence.

Claude descend, toute songeuse, en méditant sur ces mœurs qu’elle ne comprend point : cette tenue douteuse, ces tolérances paternelles la confondent alors qu’elle les compare aux propos rigides que les Lambert-Massin tiennent devant d’autres personnes ; aux actions anodines qu’ils décrètent indécentes.

Au moment où elle monte en automobile,