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regards complaisants sur Claude, dont les cheveux ont été ondulés ce matin par le coiffeur, et dont l’élégante princesse de serge mate, qu’ornent de hautes bandes de crêpe soyeux, fut coupée, ajustée et exécutée en quarante-huit heures, place de la Madeleine.

Claude, au supplice, se dit que sa cousine est la charité personnifiée, mais qu’elle manque un peu de tact. Elle détourne ses regards, les pose par hasard sur la vieille madame Massin, placée à droite de son gendre, et remarque que la grand’mère vide subrepticement son verre de champagne. Marthe, qui a vu la scène, interpelle son mari :

— Léon ! tu as encore versé du vin à maman… tu sais bien que le docteur le lui a interdit !

M. Lambert-Massin relève la tête ; ses prunelles s’attendrissent ; il réplique avec bonté :

— C’est vrai… Mais la pauvre femme, elle aime tant le champagne ! Ça me crève le cœur, de la priver à son âge… S’il fallait observer rigoureusement les ordonnances des médecins !