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sais… ma fille prend des libertés d’allures et de langage… Mais, que voulez-vous ! Il faut bien lui laisser la bride sur le cou : elle est d’une intelligence ! À seize ans, son expérience en remontre à une femme de mon âge. » La saison suivante, les chapeaux sont grands au lieu d’être petits, les jaquettes remplacent les blouses ; et la mode des jeunes filles, également, a évolué. Madame Lambert-Massin déclare, parlant toujours d’Yvonne : « On a beau dire… l’éducation sévère est la seule qui porte ses fruits ; les filles dociles font les honnêtes femmes. Ainsi, la mienne est restée aussi ignorante qu’un agneau, à dix-sept ans ! Elle n’ose pas lever les yeux et ne sort jamais sans moi. » Ce qui est faux, car c’est la femme de chambre qui chaperonne Yvonne la plupart du temps.

Dans la classe moyenne, la jeune fille est à l’abri de ces fluctuations ; les parents ne considèrent point l’éducation comme une manière de snobisme.

Claude appartient à cette dernière catégorie : on lui a formé une âme sincère, un esprit