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demain ; la gamine de huit ans éveille une vague idée de maternité chez la fille de vingt ans, aimante et normale. Claude a sa première pensée d’espérance en songeant qu’un jour elle ressuscitera son père en concevant à sa ressemblance.

Madeleine jase d’une voix aigrelette, aux sonorités juvéniles :

— Maman m’a dit que vous allez vivre avec nous… Comme ce sera amusant !… Vous coucherez dans ma chambre : je n’aurai plus peur, la nuit… Je suis bien contente !… Est-ce que vous aimez encore à jouer ?

Claude répond, s’anime, se distrait peu à peu. Ô l’exquise, la douce influence du jeune âge ! La grande sœur accueille cette étrangère avec une sourde hostilité, car sa cervelle d’adolescente calcule déjà et fait la part des intérêts ; mais ce cœur de bébé ignore les sentiments complexes ; il se livre spontanément, tout à la joie de connaître une nouvelle compagne. À dix-sept ans, Madeleine sera peut-être devenue une seconde Yvonne. Aujourd’hui, c’est une petite âme naïve et secourable