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quotidienne qui nous fait sentir avec le plus de force ce qui est fini, pour toujours.

Claude suffoque ; elle se lève, jette sa serviette sur sa chaise et veut s’enfuir, retourner chez elle. Hélas ! elle s’arrête, désorientée : elle ne sait même pas par où l’on sort de cet appartement étranger. Marthe murmure : « Il vaut mieux la laisser tranquille ; je vais la reconduire dans sa chambre. » Elle emmène doucement la jeune fille, tandis que la grand’mère interroge :

— Qu’est-ce qu’elle a ?… Pourquoi pleure-t-elle ?… Pourquoi ta mère l’a-t-elle gardée à déjeuner, Yvonne ?

L’aînée des petites Lambert-Massin passe son temps à se divertir aux dépens de la surdité de la vieille dame. La voix respectueuse, l’air déférent, le sourire aux lèvres, Yvonne réplique, trop bas pour que madame Massin puisse entendre :

— Oui… Tu as raison… Cause toujours… Tu nous assommes.

La grand’mère, qui veut avoir l’air de comprendre, riposte avec douceur :