Page:Marais - Le Huitieme Peche.pdf/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

première intervention qui détourne une minute la pensée de Claude. L’assistance de ses amis, Halberger l’avait touchée sans la surprendre — comme une chose naturelle. Mais, ça !… Cette visite extraordinaire et charitable, cette démarche généreuse d’une parente à demi inconnue que son père fuyait à dessein, déclarant : « Les Lambert-Massin ? Des cousins trop huppés pour nous, je suis une cigale qui aime mieux danser sous la bise, que d’aller chez les fourmis. »… Claude puise un réconfort dans cette sympathie attendrissante et inattendue. Elle s’approche de Marthe ; elle essaie de parler, mais sa voix s’étrangle, elle ébauche un geste… et tombe, sanglotante, dans les bras de madame Lambert-Massin.

Marthe sent palpiter contre elle une petite vie douloureuse et tressaillante ; elle caresse les cheveux emmêlés, les joues chaudes. Elle éprouve le même sentiment que le jour où elle protégea, l’arrachant aux jeux de gamins imbéciles, une petite chatte de gouttière qu’elle rapporta dans son manteau : le contact de la bête effarée, tapie, frissonnante, lui est rappelé