Page:Marais - Le Huitieme Peche.pdf/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

front ; sa bouche saignante est tout enflée, ses pommettes tuméfiées sont pâles et violacées ; et ses mains longues frémissent nerveusement. Elle parvient à crier d’une voix rauque :

— Je ne veux pas m’en aller !

Marthe est impressionnée ; elle pleure sans se retenir. Il y a des gens qui bâillent de voir bâiller quelqu’un ; madame Lambert-Massin subit une sensation analogue : les larmes des autres taquinent sa glande lacrymale, irrésistiblement. Et elle déclame, avec une tendresse débordante :

— Je vous en prie, soyez raisonnable, ma petite enfant !… Vous ne pouvez pas rester dans ce décor lugubre : votre papa vous le conseille d’en haut. Vous devez réagir. Il faut me suivre gentiment, chez moi. Vous ferez connaissance avec mes fillettes : elles vous consoleront… Yvonne a dix-sept ans et Madeleine huit ans seulement… Mademoiselle Claude !

La jeune fille la regarde intensément : la pitié qu’elle inspire à cette dame presque étrangère fait vibrer ses nerfs exacerbés. Voilà la