Page:Marais - Le Huitieme Peche.pdf/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.

recueillie des enfants qui accomplissent un rite inaccoutumé dont l’importance les flatte.

Et Claude, qui mire sagement ses gants blancs, sans oser regarder Georges — auquel elle a peur de sourire, — sans oser regarder le curé — qui lui inspire une folle envie de rire, parce qu’il a l’air d’un déguisé morose sous sa chasuble chamarrée ; — Claude réprime des bâillements furtifs (à jeun depuis quatre heures) et remarque in petto : « Est-ce long, ces cérémonies religieuses ! »

Elle évoque les funérailles de son père où la rigueur des usages la contraignit de rester assise à deux pas de la bière dans laquelle se désagrégeait un cadavre adoré, et de subir, durant une messe interminable, la voix déchirante des orgues funèbres dont les sonorités vibraient douloureusement sur ses nerfs exacerbés.

Aujourd’hui, l’orgue accompagne un ténor de l’Opéra que la vanité des Lambert-Massin se délecte à écouter. La musique chante l’espoir et la félicité : n’importe, Claude est hantée par le rappel de la mort.