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coquetterie inusitée de sa cousine qui, d’ordinaire, ne s’attarde guère devant le miroir de leur chambre commune.

Claude s’en aperçoit ; alors, se penchant vers la gamine et la prenant contre elle, la jeune fille interroge naïvement :

— Dites-moi, ma petite chérie, est-il vrai que je sois jolie ?

L’admiration des enfants a toujours enchanté Claude : celle des hommes est si gênante et celle des femmes, si envieuse ! Mais cette manifestation candide des gosses qui galopent derrière elle, dans la rue, viennent se planter sur son passage et s’exclament, en la dévisageant avec une effronterie ingénue : « Elle est belle, la dame ! » comble la jeune fille de ravissement.

— Oh ! oui, vous êtes jolie, répond Madeleine. Vous avez de beaux cheveux, on croirait qu’il y a du feu dedans.

À présent qu’elle est au seuil de son bonheur, Claude éprouve l’appréhension de ne plus le mériter. Elle doute d’elle, murmure timidement : « Mon Dieu ?… Suis-je assez plai-