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vistes… Tu ne sens pas l’immoralité de tes opinions, toi, le digne civilisé qui révère le patrimoine et la société. Tu me conseilles de prendre une femme illégitime, de faire des bâtards que j’abandonnerais pour négocier une alliance fructueuse… Et quel est celui qui me prodigue ces beaux avis : c’est l’homme qui a voté la loi sur la recherche de la paternité !…

Henri s’énerve également :

— Tu es mal inspiré d’exercer ta verve aux dépens de mes travaux, toi qui vis en inutile.

Georges s’emporte :

— Certes, je ne fais rien, aussi suis-je certain de ne léser personne. Tu te vantes de travailler… il y a bien de quoi. Ton métier ? C’est d’exploiter trente huit millions d’individus à l’aide de convictions fausses.

Les deux frères se dressent l’un devant l’autre, en adversaires courroucés.

Soudain, Henri, tournant les yeux, aperçoit dans le miroir de la cheminée leurs images reflétées : l’hostilité et la ressemblance de ces visages fraternels le frappent douloureusement… C’est avec les yeux de Georges qu’Henri