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à une existence plus flatteuse, tu ne serais pas enchaîné, au moins !… Il te serait permis d’accepter la fiancée que tu mérites, une femme dans le genre de la mienne. Alors, tu te séparerais tendrement de ta gentille amie en lui assurant une vie confortable, ainsi qu’à son bambin… Voilà comment agissent tous les hommes de notre caste.

— Les hommes de notre caste !… Mon pauvre Henri ! Que sommes-nous, sinon des fils de parvenu ? Souviens-toi… Notre père a commencé sa fortune sans un sou en poche, à l’exemple des millionnaires transatlantiques… À vingt-cinq ans, il était employé chez un banquier : à sa place tu aurais tâché d’épouser la fille du patron ; papa, lui, s’est contenté de se marier avec la sténographe de la maison, une belle orpheline de dix-huit ans qui fut notre mère… C’est donc notre père que tu critiques lorsque tu me blâmes d’avoir choisi une compagne semblable à maman.

— Jobard ! grogne Henri entre ses dents.

Georges s’irrite, et réplique avec âpreté :

— Les jobards valent autant que les arri-