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— Alors, madame, j’ai bien pensé à l’emmener chez nous : mais, là, tout lui parlerait encore de son père… Et puis, on entend constamment de la musique : mon mari travaille ou reçoit ses élèves… Le chagrin de Claude ne se trouverait pas assez dépaysé… Le médecin qui est venu ce matin nous a conseillé de l’éloigner du mort… Les Gérard ne connaissaient personne. La bonne m’a donné votre adresse : vous êtes leurs seuls parents… J’ai songé à vous demander… ne pourriez-vous pas garder Claude un jour… ou deux… le temps qu’elle reprenne un peu courage ? Si vous la voyiez, la pauvre petite : elle fait peur, elle a l’air d’une inconsciente !

Madame Lambert-Massin se lève brusquement ; elle secoue ses mains humides et les essuie machinalement sur son kimono ; cette histoire l’a bouleversée autant que le quatrième acte d’un mélo de Kistemaeckers. Elle se représente l’orpheline éplorée, à genoux auprès du linceul ; les bougies allumées, le buis… cela fait image d’Épinal devant les yeux de Marthe, et le côté conventionnel de