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des apparences : c’est son geste d’honnêteté qui lui attire tous les soupçons et ce sont les Lambert-Massin qui passent pour des tuteurs vertueux !

Claude goûte prématurément à ce fond de calice, qui empoisonne l’âge mûr d’expérience et de déception. Sa jeunesse combative lui crie : « Défends-toi ! Clame la vérité ! » Mais, déjà, sa clairvoyance désabusée lui répond : « À quoi bon !… Rien n’est moins probant que la sincérité. »

Claude sent qu’on ne lutte pas contre une conviction fausse : il n’est de pire coupable qu’un innocent. Jamais les Halberger, ces êtres loyaux et simples, n’admettraient la perfidie raffinée, la corruption secrète des Lambert-Massin. Il faudrait qu’ils eussent vécu de la vie de Claude pour entendre ses révélations sans l’accuser de mensonge.

Et l’énergie de la jeune fille sombre dans une résignation farouche. Elle oppose un fier silence aux suppositions dont l’accablent ses amis : ce n’est pas ici qu’elle trouvera un appui ; tant pis !