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chère Claude… je ne peux ajouter foi à vos scrupules d’amour-propre : avouez-le, c’est une autre raison qui vous pousse à cela… Vous désirez être libre, oui. C’est par besoin d’indépendance que vous avez rêvé cette folie. Les Lambert-Massin sont des gens austères, rigoristes. Ils doivent vous surveiller très étroitement… Qui sait s’ils n’ont point contrarié en vous quelque inclination… Ah ! c’est cela : il y a une amourette au fond de l’histoire ! Vous vous êtes éprise d’un joli jeune homme et vous souhaitez d’échapper à la tutelle de vos cousins, hein ?… Eh bien, ma chère petite, convenez-en : pouvons-nous, mon mari et moi, prendre la responsabilité d’encourager une telle escapade en vous fournissant les moyens de la risquer ?

Paul Halberger, impressionné par la perspicacité de sa femme, appuie :

— Non, c’est vrai… Nous ne pouvons pas.

Claude reste atterrée. Son cœur est déchiré à l’idée que ces braves gens la suspectent de courir vers le danger, au moment même où elle s’efforce de le fuir. Oh ! douloureuse ironie