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les mains nerveuses d’Halberger. Elle s’écrie ardemment :

— À gagner ma vie… à me libérer… à m’en aller de chez mes cousins ! Monsieur, je vous en prie : tâchez de me trouver un emploi de pianiste quelque part… n’importe où… aidez-moi ! Je vous assure… il faut que je quitte les Lambert-Massin : je les gêne et je suis malheureuse avec eux !

— Ma pauvre petite ! réplique Halberger. Vous voulez vous lancer dans la lutte pour la vie, désarmée comme vous l’êtes !… Chercher un emploi, entrer dans une carrière où vous n’avez aucun titre à faire valoir… Alors que des premiers prix du Conservatoire battent le pavé sans parvenir à utiliser leur talent, parce qu’ils sont trop, et en sont réduits à courir le cachet… C’est fou !

— Monsieur Halberger, je me suis répété tout ça… et je persiste dans mon projet.

— Vous vous préparez de rudes déboires !

— Dites plutôt que j’y suis préparée. Je sais ce qui m’attend, mais je suis courageuse. Je préfère cent fois une existence précaire au luxe