contrarier ; et finissait par me laisser déchiffrer à ma guise les morceaux très difficiles qu’il eût fallu « piocher ! »
Claude réfléchit : quatre ans de travail… alors, elle devrait attendre d’avoir presque vingt-six ans pour gagner sa vie. Il lui semble qu’elle n’aura jamais vingt-six ans !… D’ailleurs, comment agencer son existence, d’ici-là ?
La désillusion est trop forte : la jeune fille éclate en sanglots.
Madame Halberger se précipite, l’enlace tendrement, essaye de la calmer.
Interloqué, le violoniste questionne, sur un ton d’amicale gronderie :
— Ah çà ! quelle mouche vous pique, ma petite Claude ? Qu’est-ce que ce caprice ? Ça vous tient donc bien à cœur de devenir une grande pianiste ?… Quelle idée ! Vous êtes suffisamment musicienne pour vous amuser et faire plaisir à votre entourage… À quoi servirait de vous perfectionner ?
— À quoi !
Claude se redressa brusquement, et ses petits doigts convulsés étreignent fébrilement