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cour — meublé pauvrement : buffet de pitchpin, toile cirée sur la table, et vieux coucou au son fêlé, Claude semble apporter le parfum du luxe qu’elle quitte, incarner la richesse mensongère qu’elle ne possède point, grâce à sa silhouette élégante de petite visiteuse pomponnée.

Madame Halberger admire son tailleur de velours noir, et l’étole de renard blanc que Marthe a repassée à Claude parce que cette fourrure tombe dans le commun.

Et la jeune fille songe, avec un sourire amer : « Ils seront bien étonnés quand je leur exposerai le but de ma démarche ! »

Madame Halberger devient presque déférente envers cette Claude nouvelle qui ne lui rappelle plus l’humble petite Gérard de naguère : c’est surtout dans la comparaison des parures qu’une femme puise la notion des distances.

Mais Halberger conserve sa bonhomie. Il parle avec une tristesse attendrie des événements que lui remémore la présence de Claude, de la disparition de ce pauvre Victor Gérard.

La jeune fille éprouve un soulagement immense à pouvoir évoquer la figure de son