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se fût contentée de la lettre de faire-part. La nécessité de dire quelque chose ne lui inspire que cette réflexion :

— Ce n’est pas possible ?… Il me semble avoir vu son nom affiché au programme des concerts, dans le journal d’hier…

— Oui, madame. Gérard avait encore joué hier soir avec mon mari : il est mort subitement, cette nuit.

— Oh ! c’est épouvantable !

Sincèrement troublée cette fois, Marthe est remuée dans sa sensibilité égoïste : que la vie est une frêle chose vacillante !… La flamme s’éteint brusquement… Et madame Lambert-Massin s’attendrit en songeant qu’elle-même pourrait trépasser d’ici cinq minutes.

La femme de chambre — qui n’a point quitté la pièce — et la manucure, ont une figure apitoyée : les pensées funèbres frappent toujours les âmes simples. La visiteuse se retient, pour ne pas pleurer. Or, au contact de ces compassions ambiantes, voici que le petit cœur indécis de madame Lambert-Massin s’émeut contagieusement : elle a l’impression