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l’eau tiède, ses ongles à demi faits : va-t-elle renvoyer la manucure afin de rejoindre cette dame au salon ? Elle examine complaisamment son kimono de panne rose… Oh ! après tout, elle est très bien ainsi et n’a pas à se gêner avec la femme d’un simple chef d’orchestre, quand ça l’ennuierait d’interrompre sa toilette… Et Marthe ordonne délibérément :

— Faites-la entrer ici, Julie.

La femme de chambre revient bientôt, introduisant une femme d’une quarantaine d’années qui paraît très émue. Marthe apprécie d’un coup d’œil bref ses souliers carrés, son tailleur correct et son chapeau démodé (du feutre au mois de février !) elle murmure :

— Madame ?

Madame Halberger s’écrie tout de suite, d’une voix tremblotante :

— Madame, je suis venue… Si vous saviez : quel malheur !… Votre cousin est mort.

— Victor Gérard ?

Madame Lambert-Massin, médiocrement affectée, songe : « C’est pour cela qu’elle s’est dérangée ? » Elle juge cette peine superflue et