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Claude comprend que le moindre attendrissement provoquerait les larmes de l’adolescente. Elle n’insiste pas et se retire, attristée.

Le dîner lui semble mortellement ennuyeux. Mélancolique, elle contemple le visage satisfait d’Henri Derive et la figure fermée d’Yvonne qui dissimule si énergiquement son désespoir que ses parents ne s’en sont pas aperçus. Claude s’imagine comprendre la détresse d’Yvonne en l’assimilant à ses propres peines, — sans se douter à quel point différent leurs sentiments.

La soirée s’écoule trop lentement. Enserrée entre l’amour qu’elle éprouve pour Georges, et l’insistance perfide, les pratiques cachées des Lambert-Massin, ne sachant à quel sort ils la condamneront après sa rébellion, Claude, effrayée, se compare à ce prisonnier de l’Inquisition dont Edgar Poë décrit la torture : enfermé dans une cellule étroite dont les parois s’allument, chauffées par un feu extérieur, il voit peu à peu la muraille se mouvoir, rétrécissant le cercle où gît le supplicié, le contraignant à subir la morsure de l’incendie ou à