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ne lui fasse du mal ; peur de ces mains qui la brisent et de ces lèvres qui la mordent… Elle lutte avec la terreur d’une assassinée.

Et soudain, Claude, à bout d’énergie, se met à pousser des cris fous, aigus, stridents, qui déchirent l’air comme des coups de sifflet… Georges, interloqué et furieux, la lâche.

Claude s’échappe, bondit, s’élance à travers la campagne — fuyant l’homme.

Elle court rapidement, malgré les battements de cœur qui lui coupent la respiration ; jamais ses pieds ne lui ont semblé plus agiles ni son corps plus léger ; elle voltige au-dessus des trèfles, franchit des rigoles d’eau qui sillonnent les pâturages, évite les troupeaux de bœufs couchés au soleil ; se sauve toujours plus vite, toujours plus loin, sans savoir où elle va — dans un besoin instinctif de mettre encore plus d’espace entre cette chose et elle.

Tout à coup, elle se trouve nez à nez avec un vieux paysan qui la contemple d’un air hébété.

Claude a une allure surprenante, en effet : échevelée, haletante, elle respire avec effort ; ses boucles fauves s’échappent de son panama