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choses de l’amour : les romans les plus osés qu’elle ait lus n’outrepassaient point certaines limites. N’ayant jamais eu d’amie, elle n’a point reçu les confidences troublantes, que l’on se chuchote entre compagnes. Elle n’a pas la moindre idée de ce que peut être le geste sexuel ; mais les mines choquées des gens vertueux, le mystère dont on voile certains actes, lui font imaginer que ces mots : amant, maîtresse… désignent des êtres ignominieux. Entre mari et femme, l’amour devient sans doute une manifestation immatérielle, idéalisée ; un accouplement de tourterelles perpétré dans l’ombre. Mais l’autre… l’Amour défendu, se représente à ses yeux naïfs sous l’apparence d’une succession de rites effrayants, démoniaques et baroques… Oh ! tout ce que peut inventer l’âme d’une vierge absolument chaste !

Et Claude, épouvantée, se débat désespérément, afin d’échapper au sort angoissant, énigmatique et barbare qui la menace. Sa pudeur se traduit sous forme de peur : peur de l’inconnu ; peur du secret qui hantait Psyché ; peur qu’on