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le charme des regards purs de Claude qu’il accuse de fausseté. Il pense rageusement : « Comment… Là-bas, l’autre doit être en train de se laisser lutiner par mon frère ; et moi, je jouerais un rôle d’imbécile auprès de celle-ci ! »

Le contact de Claude, la sensualité puissante de cette insidieuse Normandie et toute la chaleur de sa jeunesse lui font perdre la tête. Ils sont seuls, au milieu d’un pré dont l’herbe leur monte à mi-jambes. Alors, Georges empoigne brusquement la jeune fille et la renverse sous lui, sur un lit de luzerne épaisse. D’abord, Claude, tout étourdie, n’oppose aucune résistance. Écrasée, pétrie, par cet homme que sa chair désire et que son cœur chérit, elle ressent un involontaire tremblement de joie, une étrange mollesse dans les membres, une lâcheté paresseuse qui l’incite à rester passive. Et puis — quand les lèvres de Georges, forçant sa bouche, lui apprennent son premier baiser, — sa volonté sursaute et se révolte.

Claude, ayant vécu isolée, sans curiosité malsaine, a gardé une singulière ignorance des