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lui sourit craintivement. Alors, Georges recommence de se défier : les paroles de son frère se rappellent à son esprit ; et les conseils judicieux du député Asquin… Georges paye à cet instant la rançon de ses millions : il lui est impossible de supposer sincère un amour qui s’adresse à lui. Ce garçon de trente-six ans, aimable, séduisant, joli de figure, vigoureux de corps, éprouve devant la femme toutes les suspicions d’un vieil amant dont on convoite l’or. Deux vers de Montesquieu chantent dans sa mémoire :

     Seigneur, je vous bénis malgré le tort immense
     D’être le riche affreux que nul ne peut aimer !

Et Georges Derive — presque haineux dans son scepticisme — songe, en considérant Claude :

« Toi, ma petite, ne t’imagine pas que tu vas me monter le coup avec la comédie de candeur amoureuse… Est-ce qu’il y a de véritables ingénues dans la famille Lambert-Massin ! » Et il évoque la beauté délurée d’Irène, la frimousse vicieuse d’Yvonne, afin de lutter contre