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champs. Madeleine interpelle sa grande amie, la mêle à leurs propos ; — et c’est ainsi que Georges se rapproche de Claude.

Le chauffeur des frères Derive est un garçon averti et discret, qui devine ses maîtres ; il promène sa voiture au hasard, court droit devant lui, et ne se retourne jamais pour demander des ordres.

Maintenant on est en pleines terres ; à perte de vue, ce n’est qu’une suite de prairies cultivées ; rectangles d’or, carrés de pourpre, bandes de sinople, losanges d’argent qui s’étendent sur la plaine comme autant d’écus armoriaux, tels des blasons champêtres.

Soudain, la petite Madeleine, pointant son doigt vers la haie, s’écrie :

— Oh !… Des mûres !… Allons en cueillir.

Tu es folle : elles sont encore vertes, objecte sa sœur : voyons… tiens-toi tranquille !

— Mais non : descendons, propose Henri. Cela nous délassera.

Le chauffeur stoppe. Madeleine se précipite et fourrage, parmi les ronces. Georges a passé