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le solennel dîner ; puis, la soirée s’écoule, mélancolique : dans le vaste hall de l’hôtel où circulent des valets de pied en culotte courte, chacun s’assoit bien sagement. Les vieux messieurs lisent des revues ou ronflent derrière les pages déployées du Times, les femmes comparent leurs décolletages, à la dérobée ; des groupes d’amis chuchotent tout bas, comme à l’église. Parfois, un prestidigitateur de passage entre, fait son boniment, escamote des mouchoirs, surveille la génération spontanée de lapins ou de tourterelles au fond d’un chapeau haut de forme, puis, envoie sa femme — une forte brune sanglée de satin rouge — quêter dans l’assemblée. Et c’est une soirée extraordinaire.

Il arrive que Léon regrette intérieurement sa vie active de Paris, son frais bureau de la place Saint-Sulpice dont les deux fenêtres s’ouvrent sur les arbres ; mais, cependant, à la rentrée, il gémira devant ses amis : « Ah ! quelles délicieuses vacances nous avons passées… Je regrette que mes affaires m’empêchent de prendre plus d’un mois de congé ! »

Heureusement que la présence d’Irène et