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quand on n’a appris aucun métier ? Claude déplore l’éducation mal avisée que l’on dispense à la plupart des filles de petite bourgeoisie : ainsi qu’elles, Claude est assez forte en littérature ; elle pénètre la syntaxe avec l’instinct de sa race harmonieuse ; mais elle est rebelle à l’arithmétique et possède de très vagues notions géographiques. Elle joue remarquablement du piano : neuf Françaises sur dix se trouvent dans son cas ; la musique et la pyrogravure tiennent beaucoup de place au programme de notre instruction.

Claude constate avec découragement :

— Que pourrais-je résoudre ? Je suis une faible chose désarmée d’avance… Je ne sais rien faire. Je ne sais pas même coudre !

Elle pense que toutes les filles sans fortune devraient acquérir des connaissances utiles, étudier quelque profession qui supplée à leur médiocrité, aujourd’hui que les exigences de la vie chère éloignent les hommes sages du mariage et des petites dots. Cette réflexion lui rappelle Jacquard. Pourquoi n’a-t-il plus voulu d’elle ? Ce mystère la préoccupe obstinément.