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— Je suis confuse, murmure Claude… Je vous demande pardon…

Elle se gourmande d’avoir soupçonné ces gens honnêtes, si bons, si équitables envers elle.

Marthe, délivrée de ses appréhensions, se livre à une brusque explosion. Elle étreint frénétiquement la jeune fille :

— Est-elle gentille, cette chérie ?… Oh ! vous serez heureuse, ma petite Claude : vous le méritez. Embrasse-la, Léon… embrasse-la, Yvonne… Maman, embrasse Claude !… Ma chère petite… Je suis aussi émue que s’il s’agissait de ma fille !… Savez-vous que Jacquard est très beau garçon, au fait !… Quel joli couple vous formerez, tous deux !…

À ces mots, Claude évoque Georges, malgré elle. Elle n’a plus le droit de l’aimer ; c’est un Jacquard aux grands yeux mouillés de marchand de cacaouettes qui doit être son idéal, désormais. Le cœur déchiré, à bout de forces, Claude cesse de se contenir ; et elle s’enfuit brusquement hors du salon, en éclatant en sanglots.