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balance sur une chaise en observant cette mise en scène d’un air railleur ; la grand’mère sourde, assise au coin de la cheminée, écarquille démesurément ses paupières comme pour entendre avec ses yeux ; jusqu’à la petite Madeleine qui est installée sur un pouf, sa poupée dans les bras, et qui regarde affectueusement Claude.

Léon commence sur un ton pontifiant :

— Ma chère enfant, je vous ai fait appeler ici afin d’avoir avec vous un entretien sérieux. Vous touchez à une heure grave de votre existence : ému par vos malheurs, subjugué (dois-je vous l’avouer ?) par vos charmes extérieurs et sans doute par vos qualités morales, un jeune homme de notre entourage est tombé amoureux de vous ; trop épris pour avoir le courage d’observer les convenances, il m’a demandé une entrevue hâtive : demain, il viendra solliciter votre main… Bien que sa démarche soit prématurée, quatre mois seulement après la perte cruelle de votre malheureux père, j’excuse les vifs sentiments de ce jeune homme en raison de leur vivacité