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main de ces gens que nous méprisons ; et que nous mangeons lâchement leur cuisine exquise — qui devrait nous écœurer… Bref, nous ne valons pas mieux qu’eux.

Asquin passe son bras sous celui de Georges :

— Étant donné cela, mon cher, est-il malaisé de prédire quel sera le sort de la jeune Claude ? Elle suivra l’exemple de sa cousine Irène, ma délicieuse petite amie, et sera plus tard imitée par ses cousines Yvonne et Madeleine, car ces enfants n’ont point à compter sur l’héritage de leur grand’mère : je sais qu’une partie de la fortune de madame Massin est placée en viager ; quant à l’autre, son gendre se chargera vite de l’employer, sitôt que sa belle-mère aura trépassé.

Asquin prend son accent parlementaire, son accent de tirade :

— Car, en cette ère de bluff à outrance où la vie chaque jour plus difficile n’empêche point nos appétits de s’accroître, nous connaissons une nouvelle catégorie de femmes…

Ce sont les jeunes filles pauvres issues de familles fastueuses, dont les parents égoïstes