Page:Marais - Le Huitieme Peche.pdf/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une aventure unique et fructueuse : donc, elles sont honorables, car nul ne critique leurs gestes. La bonté paternelle me laisse toute licence, du moment que je dissimule mon indépendance… Seulement, le hasard s’est plu à me doter d’une franchise native ; j’ai eu beau me réformer, la nature reprend ses droits… Et voilà pourquoi je m’exprime parfois si brutalement… ça me repose des grippe-minauderies forcées.

Yvonne se penche vers le guéridon, saisit le roman qu’elle feuilletait tout à l’heure et le tend à Claude qui déchiffre le titre, sur la couverture : Les Oberlé. — rené bazin. Yvonne ouvre une page, au hasard, et la place sous les yeux de Claude qui s’écrie, après avoir parcouru quelques lignes :

— Mais… c’est le Lys rouge, d’Anatole France !

— Pardi !… Tiens, on vous l’a donc laissé lire, jeune oie blanche, que vous le reconnaissez ?

— Oui. Mon père disait que les beaux livres peuvent être mis entre toutes les mains sans jamais pervertir l’esprit.