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Le surlendemain, à dix heures du soir, l’infortuné César Lepot errait mélancoliquement sur l’avenue des Champs-Élysées, vêtu, sous son pardessus, d’un magnifique costume Henri IV. En attendant le moment de se présenter au bal costumé, il monologuait à mi-voix : « Les femmes sont insupportables !… Pouvais-je solliciter de mon directeur la corvée d’aller en soirée, à son âge, chez des gens inconnus, et dans une fête où le déguisement est de rigueur, pour comble !…

Le jeune homme, rêveur, s’enfonçait dans les allées désertes. Soudain, un homme se dressa devant lui implorant : « La charité, mon bon monsieur je n’ai pas mangé depuis deux jours ! »

César examina l’individu ; cinquante ans marquaient ce visage parcheminé où, dans le creux des rides, se dessinait un réseau poudreux de crasse incrustée ; un nez rouge révélait l’intempérance du mendigot ; sa peau noire apparaissait par les trous de ses loques.

Tout à coup, César éclata de rire.