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s’installa dans l’auto. Le marquis Yuerta fit observer que le soir ne tarderait guère.

— Oui, répondit Maud Scott, qui constata d’un ton pénétré : « L’ombre s’insinue sournoisement ».

— Le palmier frissonne, ajouta la rieuse Annie, gravement.

La première, alors, psalmodia :

— Le ciel s’affaisse sur la montagne, semant bistre et mélancolie…

Et la cadette, pour conclure, formula cette comparaison dont son accent yankee semblait blaguer la poésie précieuse :

— Les cyprès, que le soleil quitte, noircissent, s’éteignent comme des bougies après la fête…

Ahuri par ce duo paysagiste, l’Espagnol regarda les deux sœurs avec une stupeur telle qu’elles ne purent garder leur sérieux. Avec des rires en cascade, elles expliquèrent que ce matin, oui, précisément ce matin même, elles avaient lu toutes ces choses jaôlies, very nice, dans un livre de l’Irish publishing Company, tout à fait exciting (« Furnival street dans Holborn », précisa Maud, toujours soucieuse