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pins, rappelait l’été sans fin du pays bleu. Tendu à travers la plaine, le ruban moiré d’une petite rivière étincelait. Des derniers gradins jusqu’à la vallée, de la vallée au sommet des monts, des arbres de toute essence escaladaient la côte, dressant le cône rigide du cyprès à côté des fins rameaux de l’olivier. Au pied de la montagne, des jardins étalaient la luxuriante laideur de leur richesse tropicale : palmiers écailleux, caroubiers vernis aux tortillements de pythons gigantesques, figuiers de Barbarie dardant leurs feuilles agressives, aloès et cactus confondus en une végétation hostile et désordonnée, — sans oublier les agaves, que le baron des Ygrées comparait à des paquets de morue sèche. Invraisemblable féerie de la Nature dont la magie, échelonnant tous les climats entre la plaine et la cime, savait enclore l’ardent coloris des floraisons printanières dans la candeur des frimas.

Fanny contemplait ce paysage avec les yeux humides, attendris, convoiteurs, dont elle avait regardé Edvard lors de leur première entrevue. Toute Beauté fascinait cette belle païenne.

Un psychologue moins bête que ses congénères, François Bergeron, par exemple, s’il l’eût