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Edvard obéit, enchanté. Lorsqu’il revint, Fanny lui présenta la troupe : le général Pachéo, Brésilien, Andrew Fenton, Yankee ; le marquis Yuerta, Espagnol ; misses Annie et Maud Scott, Américaines. Les trois hommes, de physiques différents, se ressemblaient presque, grâce à leur tenue étrangère, sinon étrange, exagérément cossue, comportant des bijoux voyants jusqu’à paraître faux, ce cachet de richesse rastaquouère qui fait partie du décor de la Riviera. Les deux Américaines, vingt et un et vingt-trois ans, rousses aux yeux superbes, aux traits irréguliers, aux dents éclatantes, s’amusaient sans contrôle, tandis que leurs parents, rivés aux tables de jeu, ne quittaient la roulette qu’aux heures des repas, la tête bourdonnante. Ah ! ce counfounded sixain treize dix-huit qui sort toujours quand on mise trois mille francs à passe et deux mille à la première douzaine !

Excitantes plutôt que jolies, ahurissantes d’entrain, ces deux sœurs piaffeuses dégageaient une saveur ravigotante de bizarrerie cosmopolite.

Or, songeant que, dans cette contrée d’aven-