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couraient siffler jusque sur l’avenue des Champs-Élysées les voitures méprisantes.

Cinglé par l’averse, le comte Kolding fit quelques pas, guettant une auto libre ; mais tous les taxis passaient drapeau bas. Il découvrit enfin un fiacre traîné par une rosse poussive, l’appela sans se bercer d’illusions… Ô surprise ! Le cocher daigna s’arrêter.

Comme Edvard montait dans ce véhicule inespéré, la portière opposée s’ouvrit brusquement et une jeune femme fit mine de s’engouffrer à l’intérieur ; lorsqu’elle vit la voiture déjà prise, elle se recula, dépitée, interdite.

Edvard reconnut aussitôt la séduisante patineuse du skating, sa toque de fourrure, son costume marron et ses grands yeux irrésistibles. Il s’écria :

— Madame, je vous en prie, montez… Je vous cède la place !

— Pardon, monsieur… mais vous aviez retenu cette voiture avant moi.

— Sans doute. Mais par ce temps affreux, vous n’en trouverez pas d’autre.

— Eh bien, et vous ?

Le cocher examinait ses clients tour à tour, penchant vers eux sa trogne enluminée de