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préserver des séductions qui engendrent le péché. Un jour, il fut obligé d’emmener le jeune garçon à la ville. Ils y rencontrèrent de belles filles ; pour la première fois le fils de Philippe apercevait ces êtres inconnus : « Qu’est cela » ? interrogea le jouvenceau, monstrueusement innocent, rempli du trouble qui bouleversa son émule en chasteté : Parsifal. « C’est, répondit son guide, très embarrassé, c’est une espèce d’oiseau qui s’appelle oie ». Et, tout de suite, les yeux brûlés de flammes, les bras tendus comme pour une étreinte devinée, le candide adolescent cria : « Oh ! que ces oies sont jolies ! Vite, vite, j’en veux une ». Ainsi, en l’espace d’une minute toutes les inutiles précautions du Frère Philippe furent vaincues par l’instinct du sexe.

Et le conteur, regardant à la fois la mère et la fille, conclut gravement :

— Ô mythos dêloi… pardon, cette histoire vous démontre, ma chère Thérèse, quel cas une jeune fille au-dessus du soupçon doit faire de son excellente éducation lorsque des circonstances particulières l’incitent — forte de l’approbation maternelle — à puiser uniquement dans ses instincts honnêtes les ruses