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fleuri. J’ai senti le souffle impérieux qui jetait Sieglinde aux bras de l’inconnu me frôler de sa grande aile…

Wagnérien comme elle, Bergeron ne put s’empêcher de songer que les histoires de famille emmusiquées dans la Walkyrie finissent lugubrement. Mais il se contenta de demander :

— Ce Siegmund est-il très jeune ?

— Oui, très jeune, très candide et très vicieux.

— Admirable trio de qualités !

— Il méprise ingénument l’innocence. Il s’est épris de moi parce qu’on lui a dépeint mademoiselle Thulette comme une coquette ensorcelante et dangereuse, féline et déroutante, dont la perversité s’auréole (à tort) d’une renommée d’intrigues scabreuses ou romanesques. Il me désire éperdument, il finira par m’épouser, grâce à ma légende… Mais s’il découvre son erreur, je perds tout attrait à ses yeux. Le masque tombe, la vierge reste et mon prestige s’évanouit.

Fanny se tut enfin. Alors, Bergeron dit tout doucement :

— Mais ce jeune homme est un imbécile…